En 1925, Chenard & Walcker engage aux 24 Heures du Mans deux modèles 1100 cmᶟ de type « Tank », dessinés et construit par l’ingénieur en chef Henri Toutée. Le châssis ne pèse que 600 kilos et ces voitures, à l’aérodynamique joliment profilée, sont extrêmement véloces pour leur cylindrée. La présentation de ces deux modèles fera couler beaucoup d’encre dans la presse de l’époque car ils étaient très éloignés des voitures alignées dans cette épreuve. L’article 2 du règlement précise en effet que « les voitures inscrites devront être, et dans toutes leurs spécifications, rigoureusement conformes à la description du catalogue commercial ». Le « Tank » ne respire guère l’esprit de la carrosserie tourisme, il s’agit là du premier prototype engagé aux 24 heures du Mans.

Une voiture avant-gardiste

49 concurrents prennent part à cette édition dont le départ est donné pour la première fois en épi…dans les Hunaudières, l’inflation de location des terrains oblige. 16 voitures termineront la course, Lorraine Dietrich obtenant sa première victoire au classement général au Mans. Chez Chenard & Walcker, un échec des 4L est largement compensé par la performance des deux petits « Tank » qui décrochent les deux coupes, Biennale et Triennale à plus de 75 km/h de moyenne. On peut dire que le petit « Tank » de Toutée était véritablement avant-gardiste et exceptionnel dans sa conception, car douze années après son premier triomphe, celui-ci est de retour aux 24 Heures du Mans. Cela serait tout à fait impensable aujourd’hui. En effet, en 1937, Yves Giraud Cabantous engage deux « Tank » Chenard de 1925 avec une carrosserie légèrement modifiée. Il fait équipe avec l’athlétique Charles Rigoulot, catcheur, champion olympique d’haltérophilie des mi-lourds en 1924 lors des JO de Paris, vainqueur du Bol d’Or Automobile 1937 et même… acteur. Charles Rigoulot est un bel exemple d’un champion d’exception en marquant de son empreinte l’histoire de différentes disciplines sportives de haut niveau. La corpulence de « l’homme le plus fort du monde » (baptisé ainsi par les médias de l’époque) nécessita un découpage de la partie haute de la portière côté conducteur. Toutefois, les deux voitures abandonnèrent l’une pour sortie de route, l’autre pour panne de démarreur.

Un des trois prototypes de course est visible dans l’espace des innovations du Musée des 24 Heures du Mans. Dans la configuration de 1937, cette voiture, qui se déplace régulièrement sur des salons, reçoit un soin tout particulier de la part de l’ACO ce qui explique l’état tout à fait exceptionnel dans lequel elle se trouve aujourd’hui.

Grâce au Musée des 24 Heures du Mans et ses 140 véhicules, l’Automobile Club de l’Ouest vous raconte l’épopée de l’automobile dans la Sarthe et le succès de son épreuve internationale. Bentley, Ferrari, Jaguar, Ford, Porsche, Matra, Audi, Peugeot, Toyota … tous les grands noms y sont représentés par leurs modèles mythiques qui immergent le visiteur dans la plus grande course d’endurance au monde. 350m² d’expositions temporaires viennent compléter ce parcours thématisé qui peut se poursuivre par la visite du célèbre circuit des 24 Heures du Mans.